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Sud Ouest : « Le gourou derrière les barreaux »

Sud Ouest : « Le gourou derrière les barreaux »

Publié le : 07/10/2016 07 octobre oct. 10 2016

Philippe Lamy a été condamné à 5 ans de prison dont 4 ferme pour avoir placé plusieurs femmes sous emprise mentale.

Cinq ans de prison dont un avec sursis, révocation d’un sursis antérieur de quatorze mois et mandat de dépôt à l’audience. Dans la nuit de mercredi à jeudi, Philippe Lamy, arrivé libre le matin, a quitté le tribunal de Libourne encadré par plusieurs policiers, totalement abasourdi. Convaincus de sa dangerosité, les juges sont allés au-delà des réquisitions du parquet, allouant 15 000 euros de dommages et intérêts à chacune des trois victimes, devenues les objets sexuels de celui qui se faisait appeler Maître Ilario lorsqu’il officiait dans un club libertin médocain.

Emprise mentale

L’ostéopathe poursuivi pour exercice illégal de la médecine a été en revanche relaxé. Fasciné par Philippe Lamy, le soignant avait distribué à certains de ses patients les gélules magnétisées dont son mentor faisait commerce. Lui aussi était sous emprise mentale au sens de la loi About-Picard. Votée en 2001, elle a créé l’infraction d’abus de faiblesse sur une personne en état de sujétion psychologique. Alors que les gourous prolifèrent, les affaires de ce type arrivent pourtant rarement devant la justice. Les victimes hésitent à la saisir, et les magistrats rechignent souvent à appliquer ce texte, de peur de toucher à la liberté de conscience.

L’examen du consentement n’est pas toujours chose aisée au regard de la diversité des réactions humaines. « Les phénomènes d’emprise mentale existent. C’est une réalité, convient Me Maud Sécheresse, l’avocate de Philippe Lamy. Mais, dans ce dossier, il me semblait qu’il y avait matière à discussion. Ces femmes n’avaient pas perdu tout sens critique. À plusieurs reprises, elles avaient été capables de dire non. »

Les critères habituellement retenus pour définir l’emprise mentale étaient malgré tout réunis : séparation des membres de la famille, rupture avec l’environnement professionnel et amical, refus des traitements médi- camenteux… Plus rien ne pouvait s’opposer à la sexualité débridée et violente d’un homme prisonnier de son image et résolu à aller jusqu’au bout de ses fantasmes.

« Ce procès a été très pédagogique, comme celui des reclus de Monflanquin, se félicite Me Daniel Picotin, l’avocat des victimes. L’emprise mentale peut toucher tout le monde et survenir à tout moment. Bien souvent, les victimes sont des personnes adaptées et parfaitement insérées. Aucune profession, aucun milieu n’est à l’abri. Ce n’est pas une question d’éducation. »

D’une intelligence très moyenne, Philippe Lamy, titulaire d’un CAP service hôtelier, ne sait pas poser une division. Cela ne l’a pas empêché d’enchaîner à sa personne des femmes beaucoup plus cultivées et diplômées que lui. « Il y a des choses que je ne m’explique pas encore aujourd’hui », reconnaît, cinq ans après l’avoir fui, une jeune femme avec bac + 6, cadre de la grande distribution. Pourquoi avait-elle subi sans rien dire des pratiques sadomasochistes alors que « ce n’est pas du tout [son] truc » ?

Sud Ouest du 07/10/16

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