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Sud Ouest : « Les reclus de Monflanquin (47) veulent récupérer leur château »

Publié le : 15/12/2014 15 décembre déc. 12 2014

Jeudi, les époux Védrines iront devant le tribunal de grande instance pour demander l’annulation de la vente du château familial cédé sous la pression du gourou.

Essorés. Au terme des dix ans passés sous l’emprise crapuleuse du gourou Thierry Tilly, les reclus de Monflanquin sont sortis de leur prison mentale – dans des conditions rocambolesques, à Oxford, en Angleterre, en 2009 -, rincés aussi bien sur le plan psychique que physique et accessoirement sur le plan financier. Dans l’affaire, Charles-Henry et Christine de Védrines sont ceux qui ont laissé le plus de plumes, près de 3,2 millions d’euros, dont un patrimoine considérable parmi lequel « le joyau de la couronne », le château de Martel à Monflanquin, berceau de la famille depuis plusieurs siècles. C’est pour reconquérir ce château « vendu dans leur dos », sous la pression du gourou en janvier 2008, que le couple se présentera jeudi devant le tribunal de grande instance d’Agen, plaidant la nullité de la vente.

Il y a quelques semaines, il apparaissait plus qu’improbable qu’ils puissent espérer un jour récupérer leur bien, qui a d’ailleurs été revendu entre-temps. Mais la donne a considérablement changé depuis un arrêt de la cour d’appel d’Agen rendu le 17 novembre. Celle-ci, dans un dossier attenant à la vente du château de Martel, à savoir la signature d’un contrat exclusif avec un agent immobilier, a jugé nul ce dernier au motif de l’insanité d’esprit des consorts de Védrines au moment de parapher l’acte.

Pas sains d’esprit

L’arrêt est en mesure de faire jurisprudence puisque, jusque-là, si les dommages de la manipulation mentale étaient reconnus sur un plan pénal en vertu de la loi About-Picard, ils ne l’étaient pas sur le plan civil. En creux, cela revient à considérer que tous les actes juridiques commis et signés par les Védrines durant les dix ans où ils furent sous l’emprise de Thierry Tilly sont nuls puisqu’ils n’étaient pas sains d’esprit ! Et cela en dépit de l’insécurité juridique que cela suppose.

Me Picotin, l’avocat des Védrines, ira donc devant le TGI avec cet atout dans la manche pour demander l’annulation de la vente du château et par ricochet celle qui s’en est suivie. Et tant pis si le propriétaire actuel du château n’a jamais été en contact avec les Védrines…

« L’affaire est juridiquement complexe », admet Me Picotin, qui attaquera également le notaire qui s’est chargé de la première vente dans des conditions quelque peu troublantes. Venu dans une étude de Valence-d’Agen pour y signer un contrat de prêt à garantie hypothécaire, le représentant de la famille Védrines en était en effet ressorti avec un acte de vente, après avoir bradé le château pour 460 000 € alors qu’il sera mis en vente plus tard au prix de 1,3 million ! Le rôle du notaire est donc ici dénoncé par les Védrines, qui estiment qu’il a contribué par là à leur préjudice et lui réclament à ce titre 500 000 € de dommages et intérêts.

« Conditions surréalistes »

« Il ne pouvait ignorer notre situation. La presse parlait des reclus de Monflanquin depuis 2003 ! » rappelle Charles-Henry de Védrines, qui, « jamais au grand jamais, » assure-t-il, n’aurait autorisé la cession du château, dont le produit tombera dans l’escarcelle exclusive de Tilly. « J’en ai ignoré la vente jusqu’en 2010 ! » insiste le médecin, forcé à l’âge de la retraite de se réinstaller en libéral pour pouvoir subvenir à ses besoins. Et ce dernier de rappeler « qu’il n’a jamais été question selon lui de vendre le château. Le prêt qui devait être contracté chez le notaire devait l’être justement pour sauver le château ». N’a-t-il jamais signé de papier en ce sens ? « Je pense n’avoir jamais signé de procuration pour cela. Je ne sais plus. On m’a fait signer beaucoup de papiers. Mais j’étais sous emprise. À cette époque, je n’avais plus la notion du temps. On m’a enfermé pendant quinze jours sans avoir à manger. Ma femme a été prise en otage, violentée… Il y avait les menaces de mort… » Me Picotin confirme : « Les pouvoirs des différents membres de la famille ont été obtenus dans des conditions surréalistes. Guillemette de Védrines était quasi aveugle au moment de la signature de l’acte ! »

Aujourd’hui, ce n’est pas la vie de château qui pousse Charles-Henry de Védrines dans ce qu’il appelle « son combat ». « Je m’en fous de vivre dans un château, assure-t-il. Ce château, j’y suis presque né et j’ai envie d’y mourir. Dans son histoire, qui est aussi celle de ma famille, je ne suis qu’un maillon de la chaîne. Je ne veux pas être celui qui l’a rompue. »

Source : Sud Ouest du 15/12/14

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