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Encore un mois d’attente pour les reclus de Monflanquin

Encore un mois d’attente pour les reclus de Monflanquin

Publié le : 05/10/2012 05 octobre oct. 10 2012

Le 13 novembre prochain, le tribunal correctionnel de Bordeaux doit rendre son jugement dans l’affaire des reclus de Monflanquin. Le procureur a réclamé 10 ans de prison à l’encontre de Thierry Tilly, poursuivi pour avoir manipulé et escroqué une famille aristocrate pendant une dizaine d’années. Son avocat le dit victime d’une double aliénation. Retour sur 15 jours de procès.

Une famille d’aristocrates ruinée après avoir passé 10 ans enfermée sous l’emprise d’un seul homme. Un gourou présenté comme « passe-partout » et « sans charisme ». Que nous a appris le procès des reclus de Monflanquin qui s’est achevé ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux ?

Les faits

De 1997 à 1999, une famille de onze personnes a vécu retranchée sur leur domaine de Monflanquin dans le Lot-et-Garonne, puis à Oxford. Dix ans pendant lesquels la matriarche, ses trois enfants quinquagénaires, de deux de leurs conjointes et cinq petits-enfants adolescents ont cru à la folle histoire inventée par Thierry Tilly. Ce dernier leur fait croire qu’il est un agent secret et que la famille est en danger à cause d’un complot franc-maçon.

« Pour financer sa protection », la famille se déleste de 4,5 millions d’euros de biens. Après la fuite de trois membres de la famille, Thierry Tilly est arrêté en octobre 2009. Il est notamment poursuivi pour séquestration et abus de faiblesse. Le procureur a réclamé dix ans de prison, « la peine de réclusion à laquelle les de Védrines ont été condamnés ».

Les victimes

Devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, la famille ne s’explique toujours pas comment ils ont pu en arriver là. Durant leurs auditions, les victimes ont décrit comment Thierry Tilly a tissé sa toile. « Il nous mettait un pistolet psychologique sur la tempe » toujours là, par mail ou téléphone depuis Oxford, pour distiller les craintes, « goutte par goutte, phrase par phrase », lance Diane.

Un autre explique que « l’effet de groupe a été catastrophique, notamment en l’absence de chef de famille ». Jean Marchand mari et père de trois l’a d’ailleurs payé. Refusant de croire à l’histoire de Thierry Tilly, il a perdu ses proches pendant huit ans.

« Ce sont des gens normaux », selon l’expert-psychiatre Daniel Zagury. Chez les de Védrines, « la rationalité, le sens de la critique et l’intelligence disparaissent » sous son influence : « ils ne sont pas devenus bêtes mais leur intelligence a été mise en jachère ».

Le « gourou atypique »

Il est apparu souriant et poli au premier jour du procès. Il a ensuite nié toute responsabilité dans la ruine de la famille. S’il admet avoir soutiré de l’argent, c’était « pour investir dans des lots immobiliers dans les Alpes ».Des enveloppes étaient amenées à Paris par les enfants de la famille pour être remises à Jacques Gonzales, autre accusé dans ce dossier. Voilà pour la ligne de défense.

Pour le reste, les réponses de Thierry Tilly ont souvent été fantaisistes : « Je descends des Habsbourg; j’ai été otage des francs-maçons, à la mode latine; j’ai sauté à 12 ans d’un Transall avec une dérogation du général Bigeard ».

La psychologue Geneviève Cédile a estimé « qu’on peut comprendre qu’il ait exercé une fascination », par « sa voix et son regard », sa façon de « manier la carotte et le bâton, une imprévisibilité qui stupéfie et peut déstabiliser ». De son côté, l’avocat de Thierry Tilly a explique que son client était victime « d’une double aliénation : celui du cinéma qu’il se fait dans sa tête et celle du génie » de son coprévenu.

Une évolution du droit ?

Ce procès aura aussi été l’occasion de se pencher sur la notion de « manipulation mentale ». Thierry Tilly était notamment poursuivi pour « abus de faiblesse d’une personne en état de sujétion psychologique ». Un intitulé, issu de la loi About-Picard de 2001, qui a ses limites : Seule la victime peut porter plainte… L’un des avocats de la défense a donc demandé à ce que soit inscrit dans le Corde pénal « la mise sous emprise mentale préjudiciable ». Un délit ou un crime que pourrait dénoncer un tiers.

Source : France Info du 05/10/12

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