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Reclus de Monflanquin : Tilly, victime d’une « double aliénation »

Reclus de Monflanquin : Tilly, victime d’une « double aliénation »

Publié le : 05/10/2012 05 octobre oct. 10 2012

BORDEAUX (AFP) – L’avocat de Thierry Tilly, l’homme accusé d’avoir escroqué pendant une dizaine d’années une famille d’aristocrates, a soutenu vendredi devant le tribunal correctionnel de Bordeaux que son client, victime d’une « double aliénation », était lui-même manipulé par son coprévenu, Jacques Gonzalez.

Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 13 novembre à 09H00.

Dans ce dossier, « Thierry Tilly est sous le coup d’une double aliénation: celle du cinéma permanent qu’il se fait dans sa tête et celle du génie de (Jacques) Gonzalez », a soutenu l’avocat de Tilly, Me Alexandre Novion, sans toutefois plaider ouvertement la relaxe de son client.

« Celui qui donne les directives, celui qui tire les ficelles, aime l’argent, c’est Jacques Gonzalez », pas Thierry Tilly, a affirmé l’avocat, truffant sa plaidoirie de références littéraires, historiques ou cinématographiques.

Preuves, selon Me Novion, de ce lien de subordination entre les deux hommes: les écoutes téléphoniques dans lesquelles M. Gonzalez semble apparaître comme un donneur d’ordres.

A ses yeux, Tilly n’est pas le manipulateur froid et calculateur qui, en une dizaine d’années, aurait conduit 11 membres d’une même famille d’aristocrates, les de Védrines, à se cloîtrer dans leur château de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis en Angleterre, et à les dépouiller de leurs biens (4,5 millions d’euros au total).

C’est grâce à Ghislaine Marchand que, dès 1999, Thierry Tilly a pu pénétrer le clan de Védrines, a expliqué Me Novion: « Elle a pu être fascinée par lui », avant « d’emmener ses frères dans cette histoire ».

« C’est une affaire de contagion morale (…). La thèse de l’emprise ne tient pas », a lancé le conseil, après avoir longuement insisté au début de sa plaidoirie sur le « principe d’autonomie de la volonté » et le « libre-arbitre ».

Tilly « a terriblement peur du réel (…). A un moment, il y a toujours un type dangereux, un franc-maçon », allusion à la thèse du « complot maçonnique » dont son client avait abreuvé les de Védrines, a analysé l’avocat, jugeant que, « pour comprendre Thierry Tilly », qui a passé son enfance plongé dans les livres, « il faut descendre 20.000 lieues sous les mers du rationnel ».

Il a aussi vertement critiqué les réquisitions prises jeudi, qui réclament 10 ans de prison à l’encontre de son client, jugé depuis deux semaines notamment pour abus de faiblesse, séquestration et violences volontaires.

Un peu plus tôt, Me Frédérique Dantin avait requis la relaxe de Jacques Gonzalez, estimant que son client, poursuivi pour « complicité par instigation » et contre lequel une peine de 5 ans a été requise, n’était « pas le gourou du gourou ».

« Il n’y a pas d’éléments intentionnels chez lui », a-t-elle indiqué à l’AFP. Certes, il savait que l’argent transitait par Tilly, mais il « n’avait pas connaissance de l’état de faiblesse des de Védrines » pas plus que de la supposée manipulation reprochée à Tilly. Il n’est pas non plus démontré qu’il connaissait la provenance « frauduleuse des sommes », a-t-elle encore fait valoir.

Invité à s’exprimer une dernière fois, Thierry Tilly a indiqué, d’une voix neutre: « Mon avocat a parfaitement retranscrit mon émotion intérieure ».

Source : Le Nouvel Observateur du 05/10/12

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