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La Manipulation mentale au coeur du procès Boumedine

Publié le : 03/05/2019 03 mai mai 05 2019

Bernard Boumedine a comparu devant la Cour d’Assises de la Gironde du 13 au 17 février dernier pour viols, agressions sexuelles sur mineur et violences, les victimes étant un couple de voisins et leur fille ainsi que sa propre conjointe et fille adoptive.

Le juge d’Instruction n’avait pas retenu dans ce dossier, le délit d’abus de faiblesse, préférant rester sur un terrain plus classique.

Plusieurs psychologues et psychiatres ont été amenés, de leur coté, à examiner aussi bien les victimes que l’accusé.

Le psychologue a relevé d’une part, la dimension de « manipulation liée à la perversion morale : tout se passe comme s’il attirait une proie dans sa toile, l’isolant pour la rendre à sa merci » et d’autre part que l’intéressé était hermétique à toute prise en charge psychothérapeutique. Il est vrai que le non accès à la culpabilité fait partie du tableau de la perversion.

L’expert-psychiatre a relevé également l’emprise exercée par Boumedine en insistant sur le rôle de l’alcoolisation excessive et désinhibitrice.

L’ensemble des psychologues et psychiatres ayant vu les victimes ont relevé leur mise sous influence, en dehors d’un expert qui n’a pas validé la définition commune de l’emprise mentale préférant parler de posture de soumission et de dépendance tandis qu’il estimait qu’ « une victime aurait réfuté fermement la qualification de viol pour affirmer une active participation personnelle ».

En réalité, l’expert a certainement évalué la victime trop précocement ; cette dernière n’étant pas encore totalement sortie du processus d’emprise mentale avant la confrontation judiciaire. En effet, il faut des mois et quelquefois des années, les éléments de culpabilités liant la victime qui ne peut « accepter » d’avoir vécu de tels sévices.

Par ailleurs, l’expert a été quelque peu mis en difficulté devant la Cour d’Assises dans la cadre des interrogations de la partie civile…

En effet, Boumedine avait réussi à suggérer aux deux femmes victimes de viols qu’elles auraient été victimes d’un inceste dans leur enfance par leur propre père, ce qui était radicalement faux…

Il avait donc utilisé la méthode des « Faux Souvenirs Induits » technique sur laquelle l’expert ne semblait avoir que d’assez vagues notions… Cela prouve combien il est important de mieux faire connaître ces phénomènes particuliers aux différents acteurs de la justice : Magistrats, Avocats et Experts.

Boumedine apparaissait finalement comme un apprenti gourou utilisant de multiples procédés :
  • Fausse biographie (se disant agent de la DST)
  • Pouvoirs divins : ange capable d’enlever le mal et soignant les problèmes sexuels du couple voisin grâce à l’absorption d’eau de mer salée, désenvoûtant la maison avec du sel, faisant jeter leur matelas, retirer des photos etc…
  • Ses pouvoirs magiques étaient complétés par l’utilisation de phrases ésotériques (issues de prières musulmanes, placées dans la maison des victimes en lieu et place des photos de famille)
  • Coupure avec l’environnement : les victimes étaient amenées à rompre avec leurs proches dont certains étaient diabolisés au sens propre du terme, la belle-mère du couple étant qualifiée de Lucifer
  • Le couple écoutait en boucle une musique de détente indienne, de « The Spirit »…

L’ensemble de ces différents moyens ajoutés aux Faux Souvenirs Induits ne réussissant pas totalement à mettre les victimes sous emprise, Boumedine les complétaient avec une forte alcoolisation afin d’abaisser leur seuil de vigilance et de multiples coups inspirant la peur, pour mettre les victimes sous contrainte psychologique et physique.

Finalement, la Cour d’Assises a suivi intégralement les Parties Civiles en mettant au cœur des motivations de l’Arrêt rendu, la « manipulation mentale » expliquant ainsi comment des victimes battues et humiliées pouvaient revenir chaque soir « librement » chez leur bourreau…

La nouvelle loi pénale entrée en vigueur le 1er janvier 2012 oblige les Cours d’Assises à motiver leurs Arrêts ; c’est donc la première décision Française qui relève la manipulation mentale en matière criminelle.

Ce cadre a lourdement pesé sur l’accusé qui a finalement été condamné à 14 ans de réclusion criminelle conformément aux réquisitions du Parquet Général outre un suivi socio-judiciaire de 5 ans avec 3 ans  de prison à le clef, en cas de non respect.

Téléchargez l’intégralité de l’Arrêt de la Cours d’Assises avec ses motivations intéressantes notamment sur « l’emprise psychologique ayant annihilé le libre arbitre des victimes ».

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