« Reclus de Monflanquin » : le délibéré sera rendu le 13 novembre
Publié le :
05/10/2012
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La parole était aujourd’hui à la défense. Compte-rendu d’audience, alors que le délibéré sera rendue le mardi 13 novembre à 9h.
L’audience est terminée.
16h. Thierry Tilly, interrogé par le tribunal, n’a rien souhaité ajouter. Le délibéré sera rendu le mardi 13 novembre à 9h. Le prévenu reste en détention jusqu’à cette date.
16h. Au terme de deux heures de plaidoirie, émaillées de citations littéraires et d’envolées lyriques débouchant parfois sur des blancs ou des hésitations, il fait appel au nom de son client « à la générosité [du tribunal], qui n’est pas ennemie de la justice. » « Beaucoup de choses dans cette affaire ont échappé à la conscience de ce garçon… »
16h. Au regard de la personnalité de son client, du contexte qu’il a brossé qui a fait que les feux de l’enquête ont été dirigés « uniquement vers lui », du rôle des protagonistes et du rôle pour lui surestimé de la voix des psychologues, mais aussi d’un contexte juridique mis en place pour la lutte contre les sectes, « ces groupes nuisibles », mais pas pour un seul homme, il demande le sursis pour son client.
15h45. Me Novion critique le rôle de Me Picotin, impliqué dans le dossier, parti avec la bénédiction d’un juge d’instruction, « en expédition » chercher des arguments pour les parties civiles. Il critique le rôle de thérapeutes intervenus hors cadre. « Du point de vue de l’équité du procès c’est un échec. Je remercie le tribunal d’avoir remis les choses à leur place. Dans une affaire où tous les points sont psychologiques, où tous les témoins sont partie prenante, il est impensable que l’on ait fait une telle chose sans le contrôle de la justice. »
L’avocat critique par ailleurs « le monolithisme » de l’instruction, rappelant que tous les éléments peuvent être discutés de manière contradictoire dans un débat loyal. Il estime que « c’est un échec, dans cette dynamique d’inclinaison, d’orientation de la preuve, déséquilibre que le tribunal aura à coeur de rétablir dans cette affaire. »
15h35. L’avocat revient sur le rôle de la famille Védrines, « reclus derrière leur propres créneaux » dans leur propriété, avec « la possibilité de sortir quand ils veulent ». Il s’étonne des propos de Ghislaine de Védrines concernant certaines affaires alors même qu’ils jouissaient de leurs biens. Me Novion fait de son client le bouc émissaire de toute l’histoire. « Nous revenons à l’époque de la chasse aux sorcières. Il n’y a pas de gourou. Il n’y a plus de secte, mais on conserve tous les éléments de la secte. Cela n’est pas là le procès. » Il entend donner les éléments « pour que la répression se transforme en justice. »
15h30. Me Novion s’attarde désormais sur la personnalité de Jacques Gonzalez, « ce mauvais génie », « le mouton enragé », qui a phagocyté la fondation Lumière Bleue, qui a tout piloté au détriment de Tilly. Il bat en brèche la théorie de sa consoeur Me Dantin, ce matin même. « Ce qui ressort de ces conversations est forcément spontané et ne peut pas avoir été créé pour la cause par Tilly ! […] Celui qui est à l’origine de tout, celui à qui il donnait tout l’argent en croyant le donner à la Lumière bleu, c’est Gonzalez. Le dossier montre que Tilly croyait dur comme fer que tout cela débouchait sur une action humanitaire. Il l’a convaincu qu’il était quelqu’un qui était amené à faire de grandes choses. »
15h25. « J’ai eu peur en allant le voir. On m’avait tellement parlé de secte, de gourou… J’évitais même le regarder trop franchement. Mais il n’est pas du tout comme ça. Il a de grandes qualité et de monumentales fissures en lui. Il a peur du réel. »
Pour Me Novion, Tilly souffre « d’une espèce de pathologie qui consiste à tout voir et ne rien oublier, et à trouver un ennemi là où il n’y a pas. Il rejoint alors les romans de son enfance. Il en fait un truc extraordinaire. Il devient l’agent secret. Le prisme de sa psychologie transforme les choses en une espèce de bataille, une espèce de guerre dans laquelle il y a du danger. »
Thierry Tilly, pour son défenseur, a vécu cette histoire sur une double aliénation. « Celle de son monde si particulier, il se fait son cinéma permanent. Et cette deuxième aliénation, c’est ce génie de Gonzalez, qui a parfaitement compris le personnage. »
Thierry Tilly a vécu cette histoire sur une double aliénatin. Celle de son monde si particulier. Il se fait son cinéma permanent. Et cette deuxième aliénation, c’est ce génie de Gonzalez, qui a parfaitement compris le personnage.
15h15 : « Mon confrère Picotin ne m’en voudra pas de ne pas voir des sectes partout. Il ne m’en voudra pas de ne pas voir d’endoctrinement par mail. »
Tilly, argumente-t-il, « est tellement à l’affût de tout qu’il en est presque pluriel dans cette affaire. Mais les médisances n’amènent rien. Tout mon effort, toute ma tribulation devant ce tribunal, c’est de dire « vous voulez le juger comme s’il est responsable de tout » alors que l’on se rend compte que de puissants courants extérieurs ont oeuvré pour que le vaisseau de perdition arrive là où il en est. Je sais qu’il y a eu des souffrances, mais je souhaite qu’on juge Tilly par rapport à ce qu’il a fait, à la part de liberté qui lui était accordé. »
15h15. « Par la force des choses, par la programmation qu’en fait inconsciemment Ghislaine Marchand, il va être plein des histoires de cette famille, qui vont être digérées par lui, à la lumière de sa logique particulière. Lui qui croît être un agent secret, qui croît être dépositaire de la lumière bleue, qu’il va être adoubé par cette société… » Pour l’avocat, « c’est la Nef des Fous ». Tilly ne se cache pas, insiste l’avocat. Il souligne « le surréalisme » de son client. Pourquoi les Védrines ne sont-ils pas partis ? L’avocat souhaite que le tribunal donne du sens à tout cela dans le cadre du procès.
15h10. L’avocat attaque de nouveau les experts qui parlent de « mythomanie stratégique ». « Cela n’existe pas ! Les experts nous inventent des notions. La mythomanie c’est le monde du rêve. »
15h05. « Thierry Tilly est d’abord, avant tout, quelqu’un qui a été dans son enfance avalé par la lecture, par l’histoire au bord de la légende. Vous vous demandez comment ces histoires d’étendard, de chevalerie, de Templiers vont venir se télescoper avec ce dossier ? C’est toute l’intelligence de Jacques Gonzalez d’avoir su lui servir cette histoire, en se présentant lui-même comme un descendants des grands d’Espagne. »Pour lui, la réalité de Tilly se situe « 20 000 lieues sous les mers de l’irrationnel. » Selon lui, l’homme croit fermement à toutes ces choses qu’il a servie aux Védrines. « Il faut savoir ce que l’on juge ». Il parle « d’un monde que la réalité dément tout le temps. »
15h. Me Novion parle de Tilly comme d’un « bourreau de travail » qui fascine « pas au sens de la manipulation mentale » mais par ses capacités et son investissement. Il s’oppose ainsi en contre des affirmations qui présentaient Tilly comme un paresseux – un cossard – profiteur des Védrines.
14h50. Il reprend – en s’en excusant par avance – un portrait moins flatteur des victimes. Il évoque les problèmes de Ghislaine Marchand avec son entreprise, la rencontre avec Thierry Tilly, les présentations par un avocat dont les « pratiques » sont selon lui sujettes à caution… Il travaille à remettre son client en selle en réaffirmant une embauche réalisée « sur des compétences techniques » même si elles n’étaient pas sanctionnées par des diplômes. » Ghislaine Marchand a pu y découvrir un soutien, une éminence grise, un socle de compétences sur lequel elle pouvait s’appuyer. Me Novion ouvre ainsi une fenêtre sur la notion de « co-responsabilité ». Il entend souligner le rôle dans le dossier de Ghislaine Marchand « qui emmène ses frères dans cette histoire ».
14h40. Sur les experts. Il insiste sur la nécessité de prendre leur rôle avec des pincettes. Il égrène les cas de l’histoire judiciaire impliquant des experts à côté de la plaque. Voire ceux où de faux experts ont réussi à bluffer la justice.
Il insiste en dénonçant des lacunes du dossier. Mais aussi sur la « vulgarisation utilitaire » faite par l’expert sur son dossier pour donner une réponse à la justice. Il lui reproche d’avoir pris tous ensemble les patients pour en tirer une sorte de profil psychologique unique.
14h35. Pour Me Novion, « il est impossible de nier » l’influence des médias, l’influence des experts qui ont oeuvré dans le sens de la manipulation.
14h30. Le juriste loue le déroulement de l’audience, « architecture de mots », qui a donné un espace d’expression à Thierry Tilly. Une approche permettant de distiller le doute sur le contenu des procès verbaux, et d’introduire un coin dans les fissures de l’instruction.
Il critique également le rôle de la presse, qui a orienté l’enquête, qui a constamment dirigé les feux dans le même sens. « On a cherché la lumière constamment sous le même réverbère. La lumière de la secte » Pour l’avocat « on est dans une voie, on cherche tous les éléments qui vont aller dans cette voie. » Il critique une instruction qui a négligé certains aspects du dossier pour n’accréditer que les aspects sectaires.
Thierry Tilly ne quitte pas la présidente Marie-Elisabeth Bancal des yeux. Il opine du chef au fur et à mesure des arguments de son défenseur.
14h20. Me Novion met en relief la notion de libre arbitre dans la loi. Il évoque des accusations lancées dans l’emballement médiatique qui mettent à mal ce principe du libre arbitre. « Il y aurait un danger à consacrer un peu trop vite « l’évaporation » du livre arbitre. » Pour le juriste, « il ne faut pas laisser la psychologie dominer, triompher de l’institution judiciaire. » L’avocat esquisse d’ores et déjà le profil d’une plaidoirie qui portera sur le statut de victime de la famille Védrines. Il entend critiquer le rôle des experts dans ce domaine particulier qu’est la « suggestion psychologique ».
14h15. Précisions de Me Novion à l’intention des victimes : « Je ne suis ni leur ennemi professionnel (des Védrines, ndlr) ni leur ennemi tout court. J’ai une fonction dans ce procès. Je vais être amené à dire des choses désagréables pour eux. » Il explique comprendre qu’ils ont souffert.
Pour Me Novion, le ministère public a été rude en demandant dans ses réquisitions une peine « ras bord » pour Thierry Tilly. « Est-ce qu’il le mérite ? » Il présente l’homme comme un être solitaire sortant d’une détention provisoire « difficile »
14h10. Me Novion explique en ouverture être conscient de la « lourde tâche » qui lui incombe. Il souhaite une élévation de soi pour que cette « affaire extraordinaire » se clôture « par un triomphe du droit » et qu’elle ait pour dénouement le procès équitable. » Et pour moi, le socle du procès équitable est une véritable critique des accusations qui sont portées. »
14h. Le public tente de se frayer un chemin dans la salle. Les spectateurs sont debout. Impossible de faire rentrer plus de monde.
13h40. Retour pour Thierry Tilly, trois quarts d’heure, dans le boxe des prévenus. Toute la matinée, le « gourou » de Monflanquin a assisté à la plaidoirie de Me Frédérique Dantin, avocate de son comparse Jacques Gonzalez, ce dernier absent de l’audience.
La juriste s’est appliquée à dédouaner son client en usant de deux ressorts :
1. Mettre en doute les conclusions du ministère public – et donc la validité juridique des préventions – quant au niveau d’implication de son client dans de dossier.
2. Faire retomber l’entière responsabilité de l’entreprise sur un Tilly présenté comme seul aux commandes, manipulateur parmi les manipulateurs.
La parole va être donné cet après-midi à Me Alexandre Novion, qui aura la lourde charge de défendre le principal prévenu. D’aucuns spéculent sur sa stratégie. Une tentative de « charger » Jacques Gonzalez ou un travail sur la personnalité de la famille Védrines ? Les débats reprennent à 14h.
11h10. L’audience est suspendue. Elle reprendra à 14h avec la plaidoirie de l’avocat de Thierry Tilly, Me Alexandre Novion.
11h05. Pour Me Dantin, il faut ramener les choses à leurs « juste mesure ». Celle d’une affaire ordinaire. Elle estime que condamner son client pour les faits reprochés amènerait Tilly à « s’en tirer à bon compte ».
11h05. L’avocate s’attaque désormais au train de vie « supposé » de Jacques Gonzalez. Elle regrette que tous les biens retrouvés chez lui – costumes, grands vins, montres – soient imputés à la période 2002-2008, correspondant aux faits reprochés. « C’est un peu facile. Il avait une vie avant ». Pour l’avocate « il faut remettre les choses à leur place. »
11h. Me Dantin effectue un récapitulatif des sommes perçues par Jacques Gonzalez entre les versements bancaires – provenant non pas des Védrines mais de la société de Thierry Tilly – et les versement en liquides effectués lors des voyages de Guillaume de Védrines. Elle ne veut pas que les sommes versées à Gonzalez soient surévaluées. Ni même qu’il soit condamné solidairement à des indemnisations portant sur des sommes qui auraient été uniquement perçues par Tilly. Là encore, elle s’interroge sur les activités de Tilly, ses montages bancaires, et la jouissance qu’il aurait eu de comptes gérés par Gonzalez. Me Dantin parle encore de manipulation de Tilly. Ce dernier secoue la tête sans jamais lever les yeux sur l’avocate.
10h50. L’avocate s’attaque au second volet des préventions : le recel d’abus de faiblesse. Là encore, elle estime que le dossier n’établit pas l’intention, ni la connaissance des faits. « Une nouvelle fois, il ne suffit pas de dire : il ne pouvait pas ne pas savoir d’où venaient ces fonds. La question est de dire : Jacques Gonzalez avait-il les moyens de savoir que l’argent qui lui était remis provenait d’un abus de faiblesse ? »
10h45. Me Dantin considère que l’infraction de complicité n’est donc pas constituée ni dans dans « l’instigation » retenu dans l’ordonnance de renvoi, ni dans la « non assistance » évoquée dans les réquisitions
10h40. Elle se penche sur la chronologie des rapports entre Gonzalez et Tilly. Notamment sur le rôle de la fondation du premier. Pour l’avocate, quels que soit la nature des activités de la fondation, « peut-être même s’agit-il d’une escroquerie ? » elles sont distinctes du dossier en cours. Un ensemble de précision destiné à éloigner son client du dossier. La complicité, rappelle-t-elle, doit être caractérisée par son aspect intentionnel.
10h35. Quid de la non-assistance ? Là encore, Me Dantin, dit « n’avoir rien entendu » constituant l’infraction. Là encore, pour elle, il faut là aussi établir que Jacques Gonzalez ait été au courant.
10h30. Pour Me Dantin il faut constituer la complicité d’abus de faiblesse. Pour elle, rien dans les écoutes ne vient caractériser le fait qu’il ait été au courant d’un tel abus. « Il est déjà compliqué de caractériser l’abus de faiblesse. Il est encore plus compliqué d’établir la complicité ». Pour elle, c’est Tilly qui a donné à Jacques Gonzalez cette aura de « patron ». « Quand on regarde les expertises psychologiques de Thierry Tilly, on se dit que tout est possible. », Tilly a pu, explique-t-elle, s’inventer un patron. « Tout est possible », répète-t-elle. « On ne peut savoir de façon précise si Jacques Gonzalez avait connaissance de l’ascendant de Tilly sur les Védrines et de ses actions. »
10h20. L’avocate de Jacques Gonzalez attaque les écoutes téléphoniques. Pour elle, il a été manipulé par Thierry Tilly, qui lui a fait endosser le rôle de patron. Pour elle, Tilly savait déjà l’étau se refermer sur lui. Tilly, dans le box, écoute attentivement tout en fixant le tribunal.
10h15. Me Dantin s’est longtemps demandée comment 11 personnes d’une même famille avaient pu se laisser mener par le bout du nez. Elle a forgé sa conviction au cours de l’audience. « Nous ne sommes pas dans une affaire ordinaire, mais nous sommes dans une famille normale. » Elle explique avoir beaucoup de respect pour les Védrines et leurs efforts pour retrouver une vie normale.
Me Dantin attaque immédiatement la personnalité de Thierry Tilly. « Jacques Gonzalez est-il le gourou du gourou, le patron du patron ? Je ne le pense pas. » Pour elle, s’appuyant sur l’expertise psychologique, Tilly ne peut pas être une marionnette. Il est marionnettiste.
Elle entend que les peines demandées par le procureur de la République soient motivées. Elle estime que les faits reprochés à son client – complicité d’abus de faiblesse et recel – ne sont pas constitués. « Il ne suffit pas de dire : il y a des écoutes téléphoniques. Il ne suffit pas de dire : il ne pouvait pas ne pas savoir. Il faut que les faits soient constitués. »
10h10. Le tribunal a ouvert les débats. Thierry Tilly est présent. Jacques Gonzalez, lui, n’est pas dans le box, en raison de sa santé chancelante. Me Dantin prend la parole.
10h. La salle, minuscule, est déjà pleine de spectateurs. Le procureur Pierre Bellet a requis hier jeudi 10 ans de prison ferme à l’encontre de Thierry Tilly, pour abus de faiblesse, séquestration et violences volontaires, soit le maximum encouru pour ces faits. Il a requis 5 ans dont un avec sursis contre Jacques Gonzalez, pour complicité et recel d’abus de faiblesse.
9h15 : la désormais traditionnelle file d’attente se forme devant la salle de la cour d’appel accueillant l’audience correctionnelle. La parole sera donnée aux défenseurs des deux prévenus. Jacques Gonzalez est défendu par Me Frédérique Dantin, Thierry Tilly par Me Alexandre Novion.
Source : Sud Ouest du 05/10/12
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