Compte-rendu de la Conférence du jeudi 12 juin 2014 à Bordeaux
Publié le :
12/06/2014
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2014
C’est devant une assistance nombreuse et attentive qu’a commencé, à 19 heures, la conférence organisée par Info Sectes Aquitaine sur le thème des ravages des faux souvenirs « retrouvés » en thérapie.
La salle de l’Athénée municipal de Bordeaux était bien pleine, mais à la suite d’un incident technique, les participants ont du évacuer les lieux. Cela s’est passé dans le calme et ils se sont tous retrouvés sur la place Jean Moulin, en attendant qu’un nouveau lieu soit trouvé.
Finalement, les organisateurs ont trouvé une solution au pied levé et la conférence a pu se poursuivre sans autre incident dans la salle de conférence d’un hôtel proche. L’auditoire était encore au complet et il est resté attentif jusqu’à 22 heures 30 !
Maitre Daniel Picotin, Président d’Info Sectes Aquitaine, a introduit Brigitte Axelrad, professeur de philosophie et de psychosociologie, membre de l’Observatoire Zététique de Grenoble et du Comité de rédaction de la revue Science et pseudosciences de l’AFIS (Association Française pour l’Information Scientifique), qui a traité le sujet des ravages des faux souvenirs induits.
Les ravages des faux souvenirs sont engendrés par les thérapies dites de la mémoire retrouvée (TMR). Ils sont apparus dans les années 1970-80 aux États-Unis, avant de régresser fortement grâce à l’information scientifique apportée aux professionnels de santé, au milieu judiciaire et aux médias et à la réaction des familles contre ces thérapeutes au début des années 2000. Malheureusement la France, avec environ dix ans de retard, est de plus en plus touchée par ce phénomène.
Les thérapies dites de « la mémoire retrouvée »
Les thérapies de la « mémoire retrouvée » ont pour objectif de faire retrouver des souvenirs refoulés d’abus sexuels, qui seraient survenus dans l’enfance 20 à 30 ans auparavant et qui seraient la cause des troubles actuels de la patiente (dépression, anorexie, boulimie…). Les thérapeutes des TMR s’appuient sur des techniques variées de suggestion, telles que l’hypnose, l’interprétation des rêves, la canalisation, les interrogatoires répétitifs…
Les thérapeutes qui pratiquent ce genre de thérapies sont parfois autoproclamés, mais parfois aussi des personnels de santé (infirmiers, kinésithérapeutes…) ou encore des psychologues, des psychiatres, ou des psychanalystes.
Une manipulation basée sur la dépendance au thérapeute
Les victimes sont en majorité des femmes, ayant très souvent fait des études universitaires, issues de familles de cadres moyens, enseignants, professions libérales, comme le soulignera la conférencière. Ces patients ont l’impression de trouver dans ces thérapies régressives une explication à leur mal-être. Alors même qu’ils croient être libres, ils sont en réalité devenus dépendants de leur thérapeute.
Désirant guérir, le patient en thérapie échappe difficilement à la suggestion. Il rompt rapidement avec sa famille et son entourage, surtout lorsqu’il y a accusation d’inceste d’un parent, père ou grand-père. Cela conduit à l’éclatement et souvent à la destruction de la famille. Après 10, 20, 30 années écoulées entre le souvenir retrouvé et l’évènement incriminé, la preuve de l’abus est quasiment impossible à trouver et la croyance en l’abus peut être non fondée.
Il ne s’agit pas de nier l’existence des abus sexuels avérés. La lutte contre ceux qui les commettent doit être sans merci. Mais c’est seulement si l’on différencie les deux problèmes, que l’on pourra lutter efficacement contre l’un et contre l’autre.
L’intervention du Docteur Alain Sauteraud, psychiatre à Bordeaux.
Son exposé très brillant et très vivant a porté sur le thème : « L’effet « prise en charge » est la clef de voûte de l’emprise psychologique. ».
Le débat
L’intervention a suscité de nombreux échanges avec l’assistance. On a noté la présence de la Vice- Présidente du Conseil de l’Ordre régional des médecins, la Présidente de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et de plusieurs médecins généralistes.
Des parents victimes ainsi que d’anciens patients victimes des TMR se sont aussi exprimés. Ils ont notamment évoqué la position des juges aux affaires familiales qui refusent aux grands-parents le droit de visite à leurs petits enfants. L’heure tardive n’a pas rebuté les auditeurs qui sont restés jusqu’à la fin.
Brigitte Axelrad en discussion avec Michèle Daut, Vice-Présidente du Conseil de l’Ordre des Médecins d’Aquitaine
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