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14 ans requis contre le gourou

Publié le : 03/05/2019 03 mai mai 05 2019

Le verdict est attendu ce soir dans le procès de Bernard Boumédine. Il nie avoir exercé une emprise sur les victimes.

L’intensité des débats est allée crescendo depuis lundi au procès de Bernard Boumédine, jugé par la cour d’assises de la Gironde pour viols et violences sur une partie de son entourage « sous influence » (lire nos éditions précédentes). L’accusé veut à tout prix et trop convaincre de sa bonne foi, se montre moralisateur, enjolive la vérité, est dans le déni de ses conduites addictives à l’alcool et au sexe.

Pire, il inverse les rôles. Assure que sa femme, ancienne prostituée exigeait d’être battue avant, pendant et après la relation sexuelle. Interprète le moindre geste comme une provocation sexuelle. Affirme que ses voisins sont venus à lui et qu’il n’a exercé aucune emprise sur eux. Leur prête ses fantasmes et défauts.

« Le hold-up des cerveaux »

« Il décidait qui pouvait et devait faire quoi, télécommandait les autres », accuse au contraire Me Pierre-Emmanuel Barois qui épaule Valérie, la femme de l’accusé et sa fille. L’avocat décrit des victimes « ravagées de tristesse et de détresse ».

Me Daniel Picotin insiste quant à lui sur le « hold-up des cerveaux » qu’a réussi l’accusé. Ses clients, les voisins de Bernard Boumedine « ne sont pas masochistes ». Pourtant pendant des mois, ils ont non seulement accepté les remarques et insultes destinées à les culpabiliser et les rabaisser et les coups qui pleuvaient pour des motifs futiles, y compris devant leur fille, mais sont revenus chaque soir voir l’accusé.

Me Daniel Picotin entend décortiquer le mécanisme de l’emprise psychologique de « cet obsédé sexuel sadique et pervers qui tente de transformer l’autre en objet ». Dans son box, Bernard Boumédine soupire, maugrée, secoue la tête.

Mais Me Daniel Picotin en connaît un rayon sur la mécanique des sectes. « Tout y est ! La fausse biographie quand il se prétend ancien agent de la DST. Le pouvoir divin, quand il assure être un ange. Le savoir mystique, quand il invente des phrases obscures qui seront accrochées au mur du salon de ses victimes. La technique du conditionnement quand il impose une musique indienne en boucle, qu’il diabolise les personnes extérieures. C’est a minima un apprenti gourou, un sorcier qui bricole pas si mal puisqu’il a réussi, avec les moyens du bord, à lobotomiser ses voisins ».

Face à ces exemples de « chosification » d’autrui, de rejet de l’autre en faisant régner la peur et ce climat de violences habituelles verbales, psychologiques, sexuelles, physiques, l’avocat général Jean-Paul Dupont requiert 14 ans de réclusion et un suivi sociojudiciaire de dix ans. « Il y a tout lieu de craindre qu’il reste dangereux ».

Source : Sud Ouest du 17/02/12

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