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Sud Ouest : « Reclus de Monflanquin » : Christine raconte la punition du tabouret

Sud Ouest : « Reclus de Monflanquin » : Christine raconte la punition du tabouret

Publié le : 29/09/2012 29 septembre sept. 09 2012

Christine de Védrines a raconté hier au tribunal comment elle avait dû rester des jours et des jours assise sur un tabouret.

En décembre 2001, Christine de Védrines quitte brutalement Bordeaux. Cette femme à la cinquante gaie et enjouée abandonne ses enfants, rompt avec ses activités et renonce à la présidence de l’association Bordeaux Accueil qui lui tend les bras. Direction le château familial de Martel en Lot-et-Garonne. « Je pars à Monflanquin m’occuper de ma maison et de mes vaches. On se reverra mais je ne serais plus la même. » Interloquée, sa meilleure amie, Marie-Hélène Hessel, doit se contenter de ces mots lapidaires en guise d’adieux.

Quelques mois plus tard, son mari, Charles-Henri, un gynécologue bordelais réputé, dévisse sa plaque sans crier gare et la rejoint. À Monflanquin, outre son épouse, il retrouve sa mère, sa sœur Ghislaine, son frère Philippe et sa compagne. Ils se sont regroupés à la demande de Thierry Tilly. Rencontré à Paris par Ghislaine de Védrines, ce personnage énigmatique qui se dit agent secret les a persuadés qu’ils devaient se mettre à l’abri des dangers qui les menacent. Christine de Védrines ne l’apprécie pas outre mesure. À l’intérieur de cette famille d’aristocrates protestants, cette catholique a eu parfois l’impression d’être une pièce rapportée. En aucun cas, elle ne souhaite se singulariser. « Un jour j’ai entendu ma belle-sœur Ghislaine s’exclamer en parlant de moi :  » J’étais sûr qu’il l’amènerait celle-là !  » J’ai eu encore plus envie de m’intégrer. »

Son heure approche

Pendant des années, Christine de Védrines ne pipe mot et suit comme un seul homme son mari, son beau-frère et sa belle-sœur subjugués par Thierry Tilly. Ce dernier ayant décrété qu’elle souffrait d’une dépression, elle est devenue accro au « tranxène ». Redevable de l’impôt sur la fortune, cette mère de famille détient un patrimoine immobilier conséquent. Petit à petit, elle s’en sépare pourtant. Le fruit des ventes abonde les comptes bancaires de Thierry Tilly.

En 2006, ce dernier commence à l’accuser d’avoir bénéficié d’une « transmission ». C’est-à-dire de biens donnés par des rois à des familles de confiance et qui passent de génération en génération. Il est question d’or. Christine de Védrines s’appelle « Cornette de Laminière» de son nom de jeune fille. Ce que le gourou présumé traduit par « gardien de la mine » en langage hébraïque ! Ordre lui est donné de partir en Belgique où elle s’est rendue dans sa jeunesse pour faire le tour des banques. « Je n’avais rien trouvé. Il m’a traitée de menteuse. J’étais la bouc émissaire à l’origine de tous les maux de la famille. »

En 2008, les de Védrines finissent par se regrouper à Oxford, en Angleterre, dans une maison délabrée, non loin de la résidence de Thierry Tilly. Christine est consignée dans une chambre. Elle dort sur un matelas au milieu des gravats. Son heure approche.

Face contre mur

« Un jour, il m’a demandé de venir en me disant que si je ne réglais pas cette question de transmission, je finirais dans un bordel pour noirs et que je ne reverrais plus mes enfants. Il m’a fait asseoir dans une pièce sur un tabouret, face contre le mur. J’y suis restée des jours et des jours avec interdiction d’aller aux toilettes. J’ai dû me soulager sur place. Mon mari ne disait rien, il était persuadé de m’aider. » Pour éviter qu’elle ne s’endorme et révèle enfin son secret, les de Védrines, totalement conditionnés, se relaient autour d’elle. Son époux lui pince l’oreille, sa belle-sœur Ghislaine la pousse sans ménagement dans un fauteuil.

« C’est du cinéma, réplique pourtant Thierry Tilly. Je passais de temps à autre mais je n’étais pas dans la pièce. Ils restaient entre eux, entre chiens et loups. » Depuis le début du procès, le gourou présumé nie tout. Y compris le témoignage de Christine de Védrines marqué par les séquelles physiques et surtout psychologiques d’un tel traitement. « Il m’a réduite à l’état de sous-homme », confesse cette aristocrate ruinée qui vit désormais en HLM et travaille au SMIC. Sans sa plainte pour séquestration déposée en 2009 après qu’elle se soit échappée du huis clos d’Oxford, le procès n’aurait sans doute pas eu lieu.

Source : Sud Ouest du 29/09/2012

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