Reclus de Monflanquin : récupérer le château, ou la dernière bataille des victimes du gourou
Publié le :
25/06/2018
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Hier lundi, les Védrines avaient rendez-vous à la cour d’appel pour une nouvelle bataille judiciaire.
Doit-on se préoccuper quand on achète un bien, de l’état mental des différents propriétaires qui se sont succédé dans la jouissance de ladite bâtisse ? Cela paraît dingue mais c’est pourtant en substance la question à laquelle les magistrats de la cour d’appel d’Agen devront répondre dans le dernier volet de l’affaire des Reclus de Monflanquin. En jeu : le retour dans le giron des Védrines du château de Martel à Monflanquin, berceau familial depuis près de quatre siècles. Un bien dont les Védrines s’étaient délestés en 2008 quand ils furent sous l’emprise mentale du « gourou », Thierry Tilly, qui avait manipulé 11 membres de la famille au point de leur soutirer 4,5 millions d’euros.
Quid de la deuxième vente ?
Charles-Henri et Christine de Védrines et leurs enfants, Amaury, Guillaume et Diane avaient obtenu du TGI qu’il annule la première vente du château à la SCI Yife au motif qu’ils n’étaient pas sains d’esprit. Problème, le château avait été revendu quelques mois plus tard, en 2009, à un tiers. Or, le TGI avait jugé que ce dernier, toujours propriétaire du château, était de bonne foi au moment d’acquérir Martel et donc qu’il n’y avait pas lieu d’annuler cette vente. Au grand dam des Védrines qui ont donc interjeté appel et lancé un deuxième assaut, hier. Me Daniel Picotin, qui mène là une ultime bataille après quatorze ans de marathon judiciaire aux côtés des Reclus de Monflanquin, voit là l’opportunité de mettre un point final à ce dossier et de rendre une bonne fois pour toutes « la dignité » à ses clients.
« Justice doit être rendue aux Védrines sinon ce serait donner raison au gourou. La justice a l’occasion de montrer qu’elle est plus forte que lui. » Pour ce faire, Me Picotin avec Me Maixant se sont employés à démontrer, dans un premier temps, que la nullité de la première vente devait par ricochet entraîner la nullité de la deuxième. Puis, dans un deuxième temps, que la seconde acquéreuse ne pouvait ignorer l’histoire des Reclus de Monflanquin et qu’elle ne serait donc pas de bonne foi.
« Extravagant »
« L’élément nouveau, c’est que l’actuelle propriétaire habitait, au moment de la vente, à 40 km de Monflanquin, à Saint-Beauzeil (Tarn-et-Garonne). Or, tout le pays connaissait en 2009 l’histoire des Reclus ! Doit-on considérer parce qu’elle ne lit pas la presse, ne regarde pas la télé et n’écoute pas la radio, qu’elle est la recluse de Saint-Beauzeil », s’est amusé Me Maixant. Au relais, Me Picotin a suggéré que l’opération avait été menée conjointement par le notaire Me Boué (condamné en première instance à verser plus de 700 000 euros pour défaut de conseil), le premier acquéreur, la SCI Yife et le marchand de biens au bénéfice de la dernière acquéreuse qui a acheté le château à vil prix.
Me Lamarque pour le compte de la SCI Yife et Me Larrat pour celui du notaire ont éreinté un raisonnement jugé « extravagant », rappelant notamment qu’aucune poursuite pénale n’avait été engagée à l’encontre de leurs clients respectifs. « Pour des gens qui n’étaient plus sains d’esprit, le montage de la première vente est tout de même très subtil et n’avait pour objectif que de conserver le bien in fine », a fait remarquer Me Lamarque. Pour la défense de l’actuelle châtelaine, Me Merry Larroche demeure incrédule : « Il n’y a aucun élément de preuve démontrant qu’elle serait membre de je ne sais quelle association malfaisante ! Elle a beaucoup voyagé dans sa vie et ignorait tout de cette affaire au moment de l’achat. Elle est de bonne foi. Remettre en cause cette vente, ce serait remettre en cause toute la jurisprudence en la matière et créer une insécurité juridique sans précédent. » La cour rendra son délibéré le 24 octobre et dira si, oui ou non, Charles-Henri de Védrines pourra « mourir dans (son) château ». Souhait qu’il a formulé à l’issue de l’audience.
Historique
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