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Le «gourou» des châtelains affronte la Cour de justice

Le «gourou» des châtelains affronte la Cour de justice

Publié le : 27/09/2012 27 septembre sept. 09 2012

Procès à Bordeaux

Jugé par le tribunal correctionnel de Bordeaux depuis le début de la semaine, celui que la presse française appelle «le gourou des reclus de Monflanquin» défraie la chronique judiciaire dans l’Hexagone.

Thierry Tilly est accusé par la justice d’avoir envouté et manipulé onze membres d’une famille de l’aristocratie du Sud-Ouest, les de Védrines, et de leur avoir extorqué plus de 4,5 millions d’euros. L’acte d’accusation a retenu les charges de «séquestration, violences volontaires sur personne vulnérable avec préméditation et abus de faiblesse sur des personnes en état de sujétion psychologique».

Il prétend être un agent secret

Durant dix ans, les membres de la famille de Védrines se sont retrouvés sous l’emprise de cet homme âgé de 48 ans, redoutable «gourou» aux allures de premier de la classe.

Se prétendant espion, Tilly est parvenu à leur faire croire qu’ils étaient la cible d’un complot, ourdi notamment par des francs-maçons, mais qu’il était en mesure de les protéger moyennant finance. Il a convaincu les de Védrines qu’il leur fallait se retrancher dans leur château familial, situé à Montflanquin, dans le Lot-et-Garonne, puis par la suite dans un manoir d’Oxford, en Angleterre.

Usant de son influence psychologique, Tilly a réussi en quelques années à dépouiller la famille de Vedrines de 4,5 millions d’euros de biens immobiliers et financiers, ainsi que de tableaux et bijoux.

Le «gourou» a été finalement interpellé le 21 octobre 2009 avant d’être incarcéré. Son procès s’est ouvert ce lundi. Il doit se dérouler deux semaines devant Tribunal correctionnel de Bordeaux. Au fil de l’audience, les juges tentent avec l’apport des témoignages de psychiatres d’établir le profil de l’accusé et de comprendre comment il est parvenu à prendre un tel ascendant psychologique sur ces victimes.

Techniques de manipulation mentale

Le passage à la barre de l’accusé permet aux juges de décortiquer une personnalité très complexe. Thierry Tilly confirme, rapportent les journalistes présents à l’audience, sa tendance à la mythomanie, à la mégalomanie et à la paranoïa. L’homme prétend avoir été notamment, et dans le désordre, footballeur professionnel, chef d’entreprise, agent secret ou gérant du patrimoine, relève un journaliste de Ouest France.

De petite taille, le visage émacié, l’accusé affirme descendre des Habsbourg, et avoir côtoyé des nombreuses personnalités parmi lesquelles Brigitte Bardot, Pierre Richard ou encore Bernard Kouchner et Liliane Bettencourt. D’après les experts psychiatres se succédant à la barre, l’accusé a eu recours à de nombreuses techniques de manipulation mentale sur les onze membres de la famille de Védrines.

«Thierry Tilly scanne la personne et utilise à la fois ses forces et ses faiblesses », analyse Me Daniel Picoton, avocat de plusieurs parties civiles et spécialistes des sectes dans des propos recueillis à la sortie du tribunal par la presse régionale. «Ils ne doivent de l’argent»

Tilly a rejeté depuis l’ouverture du procès les accusations portées contre lui, allant jusqu’à excéder la Cour. Niant avoir placé les onze membres de la famille de Védrines en état de sujétion mentale et les avoir escroqués entre 2000 et 2009, l’accusé a même déclaré avoir fait fortune avant d’être victime de la famille de Vesdrines. «Ils me doivent de l’argent pour des projets immobiliers non réalisés», a asséné l’accusé avec un aplomb sidérant. Tilly se dit également «victime d’une enquête exclusivement à charge ».

Les témoignages des victimes apportent un éclairage complémentaire sur la personnalité de l’accusé. «C’est un menteur et un affabulateur», a estimé à la sortie de l’audience Ghislaine Marchand (née de Védrines), qui l’avait présenté aux autres membres de sa famille après avoir fait sa connaissance dans le cadre professionnel en 1999. «Je sais très bien comment il essaie de prendre le dessus, sauf qu’ici il est en face de professionnels, ce qui n’était pas le cas quand il était avec nous».

La principale victime a encore confié en guise de résumé: «Il nous a kidnappés, disant tout et son contraire à chacun et nous montant les uns contre les autres».

L’avocat du prévenu, Me Alexandre Novion estime toutefois qu’il est grotesque de parler de « gourou » a propos de son client qui encourt néanmoins dix ans de prison en vertu des charges qui pèsent sur lui.

Le procès se poursuit jusqu’au 3 octobre.

Source : Le Matin du 27/09/12

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