Bordeaux: pour le tribunal, personne n’a poussé la victime à imaginer des viols
Publié le :
19/06/2013
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Le tribunal de Bordeaux a donné raison mercredi à une femme qui réclamait des dommages et intérêts à son père pour viols, alors que ce dernier invoquait « de faux souvenirs induits » par une thérapeute, a-t-on appris de source judiciaire.
La 6e chambre civile du tribunal de grande instance de Bordeaux, saisie par la jeune femme en raison de délais de prescription lui interdisant une action au pénal, s’est rangée aux arguments de S. , 38 ans, car celle-ci, qui soutient avoir été violée par son père entre 10 et 13 ans, s’était confiée à des proches avant même de consulter cette thérapeute, a-t-on ajouté.
Les juges civils lui ont alloué 15.000 euros de dommages et intérêts et 1.500 euros au titre des frais de justice, a-t-on précisé.
Lors de l’audience, qui s’était tenue le 10 avril, son avocate, Me Patricia Gravellier, avait rappelé que les experts qui avaient examiné sa cliente dans le cadre de sa plainte déposée en 2007 ne l’avaient pas jugée affabulatrice, ne décelant chez elle aucun trouble psycho-pathologique.
Me Daniel Picotin, qui représentait le père, n’avait de son côté pas mis en doute la sincérité de S., jugeant toutefois qu’elle était victime de « faux souvenirs induits » (FSI), mis en tête par une thérapeute bordelaise aujourd’hui retraitée. Celle-ci, pour se conformer au décret de 2010 sur ces métiers, se présentait ces dernières années comme « coach en développement personnel ».
Spécialiste national des affaires de manipulation mentale (il représente une partie des victimes dans l’affaire des reclus de Monflanquin), Me Picotin avait produit des cartes d’anniversaire affectueuses écrites par la fille au père et des photos du mariage de la jeune femme, où elle semble très proche de lui.
Une expertise avait également mis en doute l’amnésie prolongée de la plaignante, dans la mesure où la plaignante avait été violée aux âges qu’elle avance, et s’étonnait dans ce cas du maintien de rapports proches avec son père.
Me Gravellier avait quant à elle insisté sur les témoignages de l’époux et d’un frère de S., qui soutenaient que la jeune femme leur avait parlé de tels viols plusieurs années avant de consulter sa « coach ».
Ces témoignages avaient été mis en doute par Me Picotin, mais ils ont fini par emporter la conviction du tribunal.
Source : Le Parisien du 19/06/13
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