Sud Ouest : « Libourne : femmes sous emprise ! »
Publié le :
06/10/2016
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Quatre ans de prison ont été requis hier soir contre Philippe Lamy, poursuivi pour avoir placé sous son emprise mentale trois de ses conquêtes successives.
Dans le Médoc, où il officiait avec une longue cape noire sous le surnom de Maître Ilario, il avait baptisé son club libertin la Villa Panthère. L’aventure a tourné court, le temps a passé, quelques mentions ont entaché le casier judiciaire de ce quadragénaire au regard pénétrant et à la chevelure désormais bien ordonnée. Mais le fauve que chérit plus que de raison Philippe Lamy accompagne toujours ses faits et gestes. À un moment ou à un autre, les trois femmes assises sur le banc des parties civiles ont porté le félin en pendentif. C’était le signe de leur soumission.
Emprise mentale
Dans la petite salle d’audience du tribunal correctionnel de Libourne, où leur ancien gourou répond d’abus de faiblesse, d’agressions sexuelles et d’exercice illégal de la médecine, elles portent ce passé comme une tache indélébile. « Je ne savais plus qui j’étais. J’étais devenue une marionnette », avoue Valérie (1). Entre 2012 et 2014, elles ont croisé la route de Philippe Lamy. Il les a captées dans l’instant ou presque. L’emprise mentale ne prévient pas.
L’une était vendeuse, l’autre aide soignante, la dernière aide à domicile. En apparence, elles jouissaient de leur libre arbitre. Mais elles étaient vulnérables. Valérie souffrait d’un cancer, Catherine et Roseline cachaient leur dépression. Leur vie sentimentale était une morne plaine ou un champ de ruines. Il était attirant, se disait magnétiseur, soignait à grandes rasades de mystérieux comprimés. Et il n’avait qu’un mot à la bouche pour soigner les maux de l’âme et du corps : le sexe. Elles sont devenues à tour de rôle ses esclaves, prêtes à tout pour assouvir ses moindres fantasmes. « Mon corps ne m’appartenait plus », avoue Valérie.
L’une a soulevé ses jupes et dévoilé son string au vu des passants sur un pont de Narbonne, une autre a masturbé un inconnu dans des toilettes d’autoroute. Toutes acceptaient d’être prises en photo dans les positions les plus scabreuses. Dans l’intimité, les étreintes étaient agrémentées de coups de fouet ou de pénétrations avec des objets multiples et variés. « Il les a détruites », lâche leur avocat Me Daniel Picotin.
Philippe Lamy se faisait fort de parler aux morts. Quand il sentait poindre une résistance, il appelait son père, décédé il y a dix ans, à la rescousse. « Papa Gino » bombardait les récalcitrantes de SMS. Elles obéissaient au doigt et à l’œil à ces ordres venus de l’au-delà. « Je lui ai demandé si je pouvais entrer en contact avec un défunt », avoue Michèle. Les trois plaignantes étaient devenues des zombies. Au péril de sa vie, Valérie, atteinte d’un cancer de la thyroïde, a cessé son traitement pour lui substituer les pilules du maître.
« Je n’ai forcé personne »
« Dans une relation d’emprise, on est totalement sous influence. On sentait tout de même chez vous une certaine forme de conscience », tempère Me Maud Secheresse, l’avocat de Philippe Lamy. Pendant l’instruction, ce dernier a longtemps dénoncé un complot, niant tous les faits en bloc ou presque. Devant la présidente Cécile Baudot, il en reconnaît certains, admet être l’auteur des texto d’outre-tombe de Papa Gino, mais nie toute contrainte.
« Il faut assumer ce qu’on a été avec moi. Je n’ai forcé personne. On me propose, on me propose, et maintenant on me reproche. » Cela n’empêche pas l’expert psychiatre Bernard Antoniol de relever une « addiction sexuelle ». C’est ce qui a fasciné un ostéopathe du Libournais quand il a croisé le personnage lors d’une soirée échangiste.
« C’était une machine. » Il était comme hypnotisé. « J’ai trouvé génial qu’il puisse guérir des personnes avec des compléments alimentaires. Grâce à ces gélules miraculeuses, j’allais pouvoir mieux traiter mes patients. » Philippe Lamy est venu habiter chez lui. Il lui a pris son lit, sa compagne ,et a accroché des félins sur les murs à la place de ses tableaux !
« Je cherche toujours à comprendre comment je suis tombé là-dedans », confesse le soignant, poursuivi pour exercice illégal de la médecine. « L’emprise mentale peut toucher n’importe qui à n’importe quel moment » avertit l’expert psychologue Éric Bauza. Et nul ne peut donner les recettes du réveil qui survient souvent à la suite d’un événement extérieur. Pour Valérie, c’est la plainte déposée à son insu par son père à la gendarmerie qui a enrayé l’engrenage.
Sud Ouest du 06/10/16
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