Procès de Thierry Tilly à Bordeaux : « j’ai fait match nul aux échecs avec Kasparov »
Publié le :
22/04/2013
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2013
La cour d’appel de Bordeaux rejuge Thierry Tilly, accusé d’avoir manipulé psychologiquement et ruiné toute une famille. Il a multiplié les propos incohérents lors de la première journée.
-> Les grandes dates de l’affaire des « Reclus de Monflanquin »
Depuis ce lundi, la cour d’appel de Bordeaux rejuge Thierry Tilly. Séquestration, violences, fuite à l’étranger, manipulation psychologique : il s’agit d’une affaire rare, par son ampleur et la personnalité des victimes qui est réexaminée à Bordeaux cette semaine.
En première instance, Thierry Tilly a été condamné à huit ans de prison. Il avait été reconnu responsable de la ruine d’une famille de notables bordelais et lot-et-garonnais, un temps surnommée « les reclus de Monflanquin ».
Thierry Tilly a réussi à isoler onze personnes de la famille de Védrines et à les convaincre qu’elles étaient victimes d’un complot dont lui seul pouvait les sauver, et à leur faire vendre tous leurs biens à son profit.
Extraits de l’audience, en direct de la cour d’appel de Bordeaux, lundi 22 avril.
18h00 : Les débats sont suspendus. Nous vous proposons de suivre la suite du procès cette semaine sur Sudouest.fr
17h55 : Me Martial demande à Thierry Tilly s’il a des fiches de salaire de tous les métiers dont il se prévaut. Thierry Tilly répond pêle-mêle : auditeur à la banque de France, conseiller d’Etat, préfet, secrétaire général de l’Elysée pendant 14 ans, agent de la DGSE. Il décline aussi ses nationalités : anglais, français, américain, suisse, japonais et breton.
Il s’ensuit un échange avec les avocats de la partie civile, et Thierry Tilly finit par lancer en direction de Me Martial : « vous êtes un fabulateur ».
17h30. Maître Daniel Picotin : « Vous êtes poursuivi pour abus de faiblesse et sujétion psychologique. Vous écrivez: Ghislaine, voici l’argumentaire pour l’expulsion de Jean. Vous ne trouvez pas que c’est un ordre ? » Tilly : « Non, c’est consultatif ».
Puis, plus tard, Tilly glisse qu’il a fait « match nul aux échecs avec Kasparov »…
17h25. Tilly enchaîne et évoque un complot de Jean Marchand, des journalistes de Sud Ouest, du procureur d’Agen… Il parle d’un « harcèlement », d’un « réseau » pour justifier l’attitude défensive des de Védrines enfermés dans le château de Martel à Monflanquin alors que lui même était à Londres.
17h15. Dans son box, Thierry Tilly multiplie les propos calomnieux à l’égard de la famille.
17h05. La cour, depuis de longues minutes, tente de mesurer le rôle joué par Tilly dans l’éclatement du couple Ghislaine de Védrines – Jean Marchand. « Ils ne s’intéressent qu’au matériel, pas au sentimental », glisse perfidement Tilly. Puis il se lance dans une analyse freudienne (dont il est évidemment de la famille). Le président le fait taire.
17h00. Tilly ne cesse d’intervenir sans y être autorisé par le président. « Je suis comme ça, monsieur le président, je m’excuse ». Il se perd (et perd aussi tout l’auditoire) dans ses circonlocutions et digressions. « Répondez aux questions », lui souffle Maître Novion.
16h50. Le président relit une lettre adressée à Ghislaine de Védrines par Thierry Tilly. C’est un ordre d’exclusion de la famille de son propre mari, Jean Marchand, fin 2001. Gant, fleur : c’est une succession de rites ésotériques. « Un juste retour des choses », un « conseil », selon Thierry Tilly. « C’était une plaisanterie qu’on avait avec Jean Marchand, et ses réseaux. Il faudra lui demander, j’espère bien le mettre à bas lorsqu’il viendra témoigner ».
16h42. Le président lit des télécopies des « instructions » qu’envoyait Tilly à la famille durant l’année 2001. Parmi elles, des ordres de transferts de fonds. Tilly nie avec véhémence. Au contraire, il accuse Jean Marchand de « tirer les ficelles ».
16h32. Depuis cinq minutes, Tilly s’attache à salir la réputation de Jean Marchand, le premier de la famille à lui avoir dit non et qui a alerté la justice et les médias.
16h30. « Vu ce que j’entends et que vous me rapportez du dossier, vous n’êtes que le rapporteur technique des agents du mensonge », dit Tilly au président.
16h15. Thierry Tilly interrogé sur des faits précis, sur sa présence en certains lieux (dans les réunions familiales des Védrines en Lot-et-Garonne, son départ à Londres), répond systématiquement à côté. Là, il se dit héritier de Napoléon III. Il voulait aussi « créer une fondation à Londres ». Il prend à partie les avocats de la partie civile qui le « provoquent ».
16h00. Le président continue la lecture de témoignages. Tous décrivent l’atmosphère paranoïaque dans laquelle baignait la famille.
Interrogé sur des mouvements bancaires, Thierry Tilly répond qu’il n’est pas commissaire aux comptes, il continue son show, il est selon ses mots « hors format, c’est pas ma faute, c’est mon intelligence ».
Au passage, il glisse qu’il est le père de Nasser Ghanim Al-Khelaïfi, le président qatari du PSG.
15h32. Suspension de séance.
15h32. « Je vous connais depuis longtemps, vous êtes bien monté dans les tours…Vous nous la jouez encore plus fou que d’habitude », estime Maître Daniel Picotin. « Vous êtes suivi ? » La réponse est non.
15h30. Thierry Tilly profite d’une question d’un avocat des parties civiles pour refaire sa généalogie. Il reparle des Habsbourg, évoque ses racines iraniennes, se dit docteur en droit des religions…
15h20. Tilly, toujours, logorrhéique : « Quand je vais sortir d’ici, quelque soit le verdict, je vais aller à l’Intelligence service de Londres, et au vu de mon rang, je serai rétabli dans la réalité, moi qui suis diplômé de marketing de luxe, tout ce que j’entends ici ne correspond pas aux faits, j’en appellerai à la justice de anglaise, américaine »… Il enchaîne avec sa carrière de commissaire de police.
« Arrêtez votre cinéma », demande le président.
15h10. Discours complètement erratique de Tilly : il dit avoir été barrister en Israël, ami de François Mitterrand, diplômé de l’école nationale de la magistrature, protecteur de Mazarine Pingeot… Eclats de rire dans la salle. Le président fait preuve d’une grande patience et tente de le recadrer.
15h02. Tilly au président Barrailla : « Vous n’avez pas la perception de la réalité factuelle du dossier. On va essayer de redresser les choses ».
14h55. Le président lit des témoignages tendant à prouver l’emprise de Thierry Tilly sur la famille. Dans son box, Tilly est très agité cet après midi. Figure de cire, il rit tout seul, lève le doigt « Je me marre ».
Il essaie de prendre la parole. Le président s’impose et invite finalement Tilly à répondre. Tilly parle maintenant des « réseaux francs-maçons ».
14h45. « Bon, on va accélérer le mouvement, je vais vous faire des observations techniques », dit Thierry Tilly.
« Vous avez été président de tribunal dans une autre vie ? Ici c’est moi », lance le président Barrailla.
Tilly : « Je n’y peux rien, j’ai été premier prix d’Actor’s Studio. » Puis il enchaîne avec une sombre histoire de « protocole économique » à Londres, selon lui « la compétence de la haute cour de justice » le rétablira dans ses droits…
« Nous sommes admiratifs devant la transparence avec laquelle vous gérer vos affaires », conclut le Président. Puis il reprend son récit sur les circuits financiers imaginés pour faire disparaître les actifs des de Védrines à l’étranger. Le nom de Tilly figure sur ces comptes.
14h30. Le président décrit comment Thierry Tilly a organisé la fuite du patrimoine des notables bordelais via différentes structures financières montées par lui. Tilly conteste. « C’était Guillaume de Védrines le responsable. C’est lui qui gérait les biens ».
Tilly hausse le ton, coupe le président, il parle de « ses amis dans le monde entier, de tous les impôts qu'(il) paye dans tous les pays. « On est dans une camisole de fric », rigole Alexandre Novion. Tilly ne s’arrête pas et critique les « journalistes » qui s’en prennent à lui.
14h20. Le juge décrit comment Thierry Tilly s’est imposé dans le quotidien des de Védrines, notamment lors d’une intervention, une requalification, auprès de l’administration fiscale lorsque Guillemette de Védrines a prêté de fortes sommes d’argent à ses enfants. Thierry Tilly conteste cette version des faits, il évoque ses supposés diplômes en finance et en droit. Il se dit « barrister »… Il livre un nouveau salmigondis à la cour. Même son défenseur Maître Novion semble irrité par l’attitude de son client.
14h15. Thierry Tilly met en cause à plusieurs reprise Maître Ducos-Ader, un des avocats des parties civiles. Il accuse sa famille d’actes criminels tout à fait fantaisistes. « Je vous demande d’arrêter Monsieur Tilly ou je vais vous faire rejoindre votre geôle », dit le juge.
14h05. Thierry Tilly prend la parole, son discours est décousu. « Monsieur Marchand est un comédien professionnel ». Il attaque le témoigne de François Marchand qui l’accuse d’escroquerie, premier signe de son emprise sur la famille. « C’est toujours les mêmes journalistes que j’ai sur le dos qui créent le fond de commerce des Reclus ».
14h. Reprise des débats.
12h30. Les magistrats semblent mi-agacés, mi-amusés, l’audience reprendra à 14h.
12h25. Le président martèle ses questions et tente de tenir le fil de l’audience. Thierry Tilly répond toujours à côté, revenant invariablement à ses multiples origines. Alexandre Novion intervient pour interroger son client ? « Leur avez-vous donné de l’aide? ». Réponse : « Oui mais nous sommes issu de deux castes différentes, je suis catholique, ils sont issus de l’église réformée, ils ne font confiance qu’à eux-mêmes ».
La partie civile, par la voix de Maître Martial: « Vous ne voulez pas nous faire croire ce matin que tout ça est trop gros, vous êtes tellement mythomane, vous nous faites une parodie de la première instance »…
Réponse de Thierry Tilly : « J’ai été deux fois champion olympique, et la musique des Chariots de feu, c’est moi. J’ai eu un oscar avec Jane Fonda ».
12h10. Le président Barrailla reprend la chronologie des premières rencontres entre Thierry Tilly avec la famille. Lors d’un dîner estival à Monflanquin : « Je me suis présenté comme un ancien officier, j’ai dirigé le Rpima… » Tilly repart dans ses divagations : Otan, agent secret, « J’ai des preuves ». Puis, il évoque son passé d’agent de joueur de football et de tennis : « J’ai aussi porté le maillot de l’équipe de France sous le nom de Thierry Meyer ». Il passe sur sa carrière de commissaire de police et de journaliste.
L’avocat général s’agace : « Vous allez nous intoxiquer comme ça tout le procès ? »
12h03. Complètement hors contexte, Thierry Tilly ne cesse de marteler qu’il appartient à la famille de Védrines. « C’est nouveau, ça », remarque le Président.
« Oui, je ne l’avais jamais dit. Mais j’ai des preuves… J’avais gardé la primeur pour la cour d’appel ».
11h57. Le président tente de l’interroger. Thierry Tilly s’agite, il tente perpétuellement d’interrompre le juge. « Vous y travailliez, à l’époque, dans cette école? »
Thierry Tilly : « J’étais à mi-temps, j’étais aussi consultant, mais je n’ai pas besoin de travailler car je suis l’homme le plus riche de France, je suis un héritier de Liliane Bettencourt ».
Il s’en prend ensuite aux « provocations » des avocats de la partie civile, situés en face de lui qui lui font des « grimaces ».
11h56. Réponse de Thierry Tilly : « Non, j’ai toujours été membre de la famille… Je suis aussi héritier des Habsbourg… »
11h55. La cour se penche sur l’entrée de Thierry Tilly dans la vie des de Védrines. Il a aidé Ghislaine de Védrines à prendre la direction d’un établissement scolaire. Le président demande à Thierry Tilly s’il a bien rencontré Ghislaine lors d’un dîner.
11h50. Reprise des débats.
11h35. Suspension de séance.
11h30. « Cette affaire a défrayé la chronique », reprend le Président. Il rappelle le début de l’affaire : la publication d’un article dans Sud Ouest, à l’instigation de Jean Marchand (époux de Ghislaine de Védrines). Onze membres de la famille vivaient reclus en Lot-et-Garonne et avaient commencer à organiser la liquidation de leur patrimoine… Le juge retrace la chronologie.
11h20. Le président Michel Barrailla revient maintenant sur l’histoire de la famille de Védrines, de ses différentes branches et ses valeurs aristocratiques. Anne de Védrines, Philippe de Védrines, Ghislaine de Védrines, Charles-Henri de Védrines… La question de la propriété du château de Martel (il appartenait à Charles Henri qui en avait hérité de ses parents), à Monflanquin en Lot-et-Garonne, est évoquée à plusieurs reprises. Cette propriété semble avoir cristallisé des rancunes et des jalousies au sein de la famille.
Le portrait de chaque époux, épouse, enfant est aussi esquissé.
11h00. Le président donne la parole à Thierry Tilly. « Pourquoi avez-vous fait appel »?
Tilly se lève et se lance, agité, dans des propos surréalistes durant de longues minutes : »J’entends obtenir la relaxe… »
Il désigne les de Védrines : « Ce sont des membres de ma famille, je les connais depuis l’enfance. J’ai plus de 500 noms…
Je suis membre de la famille de Gaulle, j’ai même assisté à sa mort…
Je suis conseiller d’Etat, je suis préfet en disponibilité, j’ai quatre nationalités, j’ai joué en Equipe de France, j’ai été recruté par Fergusson, par le prince Wenger, et Louis Nicollin…
Je suis avocat, associé à Metzner, dans l’indivision, vous pouvez vérifier chers confrères.
Je suis membre fondateur de GreenPeace, j’ai fait condamner Maître Ducos-Ader pour incitation à la haine… Je suis l’homme le plus riche de France, je n’ai aucun intérêt à ruiner les de Védrines ».
Fou rire dans la salle. Et Thierry Tilly continue durant de longue minutes.
« Nous ne connaissions pas personnellement Thierry Tilly », dit le Président. « C’est très éclairant de l’entendre pour la cour ».
10h25. L’avocat général Pierre Bellet réfute point par point les arguments sur les nullités évoqués par la défense de Thierry Tilly. « Ce sont les mêmes qu’en première instance ». Les parties civiles lui emboîtent le pas, évoquant un « stratagème ».
10h15. « Dans la procédure, il y a des causes de nullité : il y a des choses qui hurlent de figurer à côté du mot justice », dit Alexandre Novion. Il conteste les expertises psychiatriques « non contradictoires », et le niveau d’information sur le dossier dont à bénéficié Thierry Tilly lors de l’instruction.
10h05. Alexandre Novion revient sur le rôle du juge d’instruction, cite des auteurs, le législateur, les « garanties de la défense » il fait de la doctrine de droit… Derrière lui, Thierry Tilly lance des regards à la famille d’aristocrates. Il chuchote.
« Thierry Tilly n’a pas toujours eu cette attitude paranoïaque à l’égard de la justice », estime son avocat.
9h55. Maître Alexandre Novion, défenseur de Thierry Tilly revient sur la procédure et évoque des exceptions de nullité. Thierry Tilly l’interrompt et dit, en désignant les de Védrines installés sur les bancs des parties civiles : « ils sont membres de ma famille ». Son avocat lui demande de se taire. Thierry Tilly s’assoit. « C’est reparti comme au premier procès », commente un avocat des parties civiles.
9h45. Pour commencer, le président égrène les condamnations de Thierry Tilly l’interrompt, il conteste. Le ton monte immédiatement. Voulez-vous assister à votre procès ?, demande la président Michel Barrailla. « Pourquoi pas », répond Thierry Tilly.
Thierry Tilly porte un polo noir. L’air résolu, il se tient droit. Mince, il a les cheveux mi-longs et porte des lunettes.
9h41. Les photographes et cameramen s’activent autour des avocats de la défense et des parties civiles. Thierry Tilly n’est pas encore présent. Il ne veut pas être photographié.
9h40. Le procès en appel de Thierry Tilly va débuter.
Source : Sud Ouest du 22/04/13
Historique
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