Monflanquin. Victimes d’un gourou, ils veulent récupérer leur château
Publié le :
12/06/2018
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Sous l’emprise d’un gourou durant près de dix ans, la famille de Védrines a perdu l’essentiel de ses biens dont le château qu’elle possédait à Monflanquin (Lot-et-Garonne). Lundi, devant la cour d’appel d’Agen, une partie de cette famille tentera de récupérer son bien.
Les reclus de Monflanquin vont-ils récupérer leur bien, le château de Martel, situé à Monflanquin, dans le Lot-et-Garonne ? La famille de Védrines possédait cette propriété depuis 1732 : une bâtisse de 800 m2 habitables trônant sur un terrain de 1,6 ha. Et ce, jusqu’au 29 janvier 2008, date à laquelle elle l’a vendue alors qu’une dizaine de membres de la famille était sous l’emprise d’un gourou.
Or, lundi 11 juin, devant la cour d’appel d’Agen, c’est sans doute le dernier épisode judiciaire de cette incroyable histoire d’emprise mentale qui se déroulera.
Pendant près de dix ans, de 2000 à 2009, une dizaine de membres de la famille de Védrines (dont une cheffe d’entreprise, un médecin…) vont vivre sous le joug d’un homme, Thierry Tilly. Pas à pas, cet homme au passé nébuleux va gagner la confiance de Ghislaine Marchand (née Védrines et dirigeant une société de secrétariat), puis de ses deux frères. Il va écouter leurs confidences, les conseiller dans leurs affaires. « Il est entré dans cette famille comme un homme à tout faire. Et il a fait ses preuves initiatiques », notait, en 2012, le psychiatre Daniel Zagury qui avait procédé à l’examen psychiatrique des membres de cette famille.
« C’est affectif »
Sous son autorité, progressivement, ils vont vivre retranchés dans leur château ce qui leur vaudra le surnom des « reclus de Monflanquin ». Puis le gourou les emmènera en Angleterre d’où une partie des membres de cette famille parviendra à s’échapper avec l’aide d’un avocat, Me Daniel Picotin.En première instance, puis en appel, les juges ont condamné Thierry Tilly pour abus de faiblesse, détention arbitraire et violences volontaires, à dix ans de réclusion. Autrement dit, « le tribunal a reconnu l’emprise mentale », commentait, soulagé, l’avocat de la famille, Me Picotin, à l’issue de la première audience.
Mais pour une partie de la famille de Védrines, délestée au total de leurs biens, pour un montant estimé à 4,5 millions d’euros, le combat ne s’est pas arrêté là. Ils veulent aussi récupérer leur bien, le château. « Récupérer Martel, c’est surtout affectif. Je me fiche éperdument de la valeur vénale du bien. Notre histoire est là », explique un des membres de la famille, dans le journal La Dépêche.
Première vente annulée
Mais l’affaire est complexe. Une première fois, en janvier 2008, la famille de Védrines vend donc le château, devant notaire, à une SCI pour la somme de 460 000 €, alors que la propriété est estimée à 1,2 million d’euros. Puis en juin 2009, la SCI revend le château à l’actuel propriétaire.En septembre 2015, le tribunal de grande instance d’Agen avait annulé le premier acte de vente (celui de janvier 2008), considérant que les membres de la famille de Védrines « ont été affectés d’une altération du discernement et de leurs capacités de raisonnement et de jugement, confinant à l’insanité d’esprit ». Il avait par ailleurs condamné le notaire qui avait été informé, avant la vente, de la situation dans laquelle se trouvait la famille de Védrines, à payer 710 000 € de dommages et intérêts à la famille et à la SCI.
« Un tiers de bonne foi »
En revanche, le tribunal n’avait pas annulé la seconde vente estimant que l’actuel propriétaire « est un tiers de bonne foi ». Autrement dit, ce dernier n’était pas au courant de l’emprise mentale dont étaient victimes les premiers propriétaires. C’est cette seconde vente que va donc tenter de faire annuler Me Picotin pour le compte d’une partie de la famille de Védrines dont la maxime est : « Plus d’honneur que d’honneurs ». Selon Me Picotin, la nouvelle propriétaire habitait alors « à 20 km de Monflanquin. Ce n’est pas possible qu’elle n’ait pas entendu parler d’une telle histoire. Surtout qu’elle a dû effectuer plusieurs visites avant d’acquérir ce bien ». Et l’avocat de plaider : « Si on ne veut pas donner raison au gourou, la meilleure issue serait de rendre ce château à cette famille. Symboliquement, ce serait fort. »Source:Ouest-France
Historique
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