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Listrac-Médoc (33) : le magnétiseur libertin condamné par la justice

Listrac-Médoc (33) : le magnétiseur libertin condamné par la justice

Publié le : 14/12/2012 14 décembre déc. 12 2012

Dans le « donjon » de la villa Panthère, l’ancien gérant était aussi magnétiseur. Il a été condamné à quatre mois ferme pour exercice illégal de la médecine.

Ancien gérant du club libertin la Villa Panthère à Listrac-Médoc, en Gironde, Me Ilario, alias Philippe Lamy, avait plus d’une corde à son arc. Mais ses multiples talents l’ont conduit hier devant la quatrième chambre du tribunal correctionnel de Bordeaux. Il était poursuivi pour exercice illégal de la médecine.

Car le libertin adepte des tenues gothiques, cheveux longs noirs et bracelets en cuir (noirs itou) s’était aussi lancé dans l’activité de magnétiseur. « Un don que je tiens de mon père », a-t-il déclaré à la barre. Pour rencontrer ses clients, Me Ilario pouvait compter sur le réseau que lui procurait son activité nocturne. Ainsi, rencontré au cours d’une soirée médocaine, un publicitaire le mit en contact avec un viticulteur résidant dans un château des environs. Atteint d’un cancer, le vieil homme s’en remit pendant quelques jours à ses conseils.

Aujourd’hui décédé, l’homme avait eu le temps de témoigner devant les gendarmes. Il avait notamment expliqué que Philippe Lamy lui avait recommandé d’abandonner sa chimiothérapie car il ne souffrait pas d’un cancer « mais d’une entité qui vous veut du mal ». Ce que le prévenu réfute à la barre. Pourtant, après une rapide visite des lieux, Me Ilario découvrait que le château est hanté. « Il y avait un esprit », assure-t-il. Et le maître ne recule devant aucun effet spectaculaire. Ainsi, touchant le frigo, il faisait apparaître une médaille devant un public médusé.

« Pour lui, le mal vient d’entités, c’est sa croyance. Quand on intervient sur des entités, on ne fait pas de la médecine », tente son avocate, Me Carrera.

Quinze jours d’hôpital

Mais, pour intervenir sur des entités, l’homme recommandait également des gélules préalablement magnétisées par ses soins, censées guérir tous les maux. Des compléments alimentaires que le magnétiseur avait une telle facilité à écouler que le laboratoire qui les produit avait même proposé un pourcentage sur les ventes.

L’homme ne rechignait pas à utiliser des bougies brûlées à Lourdes, où il avait avoué se rendre de manière « astrale » devant les gendarmes, avant de se rétracter au cours de l’audience.

« Tout le Médoc en a bouffé par kilos, de vos gélules », lance Me Picotin pour les parties civiles. Les consultations (entre 50 et 100 euros) se faisaient régulièrement dans la Villa Panthère. Chez l’une des victimes souffrant d’une maladie chronique, il décèle « un caillot dans le sang ». « Il m’a fait monter dans le donjon de la villa, la partie réservée aux pratiques sado-maso. Il a passé sa main sur mon épaule, puis ses mains étaient couvertes d’un liquide rouge. Il m’a dit que c’était le caillot. J’étais subjuguée par le personnage. Il me disait qu’il était Dieu », explique-t-elle à la barre. Après avoir abandonné son traitement, remplacé par les gélules miracle, la femme devra être hospitalisée pendant quinze jours…

« Des illuminés qui utilisent des gélules et des bagues trafiquées pour faire jaillir le sang, on en voit, mais demander aux malades d’abandonner en plus leur traitement, c’est un cran au-dessus », tonne Me Daniel Picotin. « On essaie de lui nuire parce qu’il dérange par son style de vie, on lui reproche d’être libertin », plaide son avocate. « Un complot, pour une histoire de cul qui a mal tourné », résume pour sa part l’intéressé, relevant également qu’une première plainte avait été déposée par un pharmacien qui avait peu goûté de voir sa femme devenir l’une de ses clientes. Et qu’il la soupçonnait par ailleurs d’avoir fait un gros chèque à Me Ilario !

Le tribunal présidé par Caroline Baret n’a pas été sensible à la théorie du complot, pas plus qu’à celle des aveux extorqués en garde à vue. Face aux multiples témoignages concordants, il a condamné le magnétiseur à dix-huit mois de prison, dont quatre ferme.

Source  : Sud Ouest du 14/12/12

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